Le 29 décembre 2013 00:22, Pieren <pier...@gmail.com> a écrit :

> Si on part dans cette direction, la Corse peut aussi vouloir son
> niveau 3 et pourquoi pas aussi l'Alsace et la Lorraine avec le
> concordat ?
>

Non, pas toute la Lorraine, juste l'Alsace et la Moselle.

Le reste de la Lorraine (hors Moselle) n'est pas sous le régime du
concordat (même si près des frontières de la Moselle il y a encore quelques
exceptions lié au statut historique qui a été maintenu par endroit, ou
supprimé ailleurs suite au redécoupage des départements des anciennes
régions Alsace et Lorraine, conservé après la Guerre Mondiale (y compris la
séparation du Territoire de Belfort aujourd'hui en région Franche-Comté et
qui n'a pas gardé le "concordat" car il n'existait que "de facto" par des
pratiques séculaires mais pas dans la législation du régime de Vichy, et la
République a plutôt imposé l'application stricte des textes de séparation
de l'Eglise et de l'Etat partout où le concordat n'était pas légalement en
vigueur pour faire cesser ces pratiques et imposer le droit civil commun
qui existait déjà "de jure").

Et c'est resté compatible avec la Consitution de 1958 qui a maintenu la
protection des régimes personnels et régimes civils existant partout sur le
territoire de la république, en métropole comme en outre-mer. La
Constitution actuelle interdit de revenir sur ces régimes légaux reconnus
sans amendement constitutionnel au Congrès, ou par référendum populaire.

De plus tu affirmes que la Nouvelle-Calédonie sera bientôt indépendante, ce
n'est pas encore fait car même si la période transitoire prend fin, il va y
a voir un référendum  d'autodétermination parmi les citoyens de
Nouvelle-Calédonie.

C'est d'ailleurs cette citoyenneté spécifique établie il y a près de 10
ans, qui fonde l'essentiel du statut particulier du territoire, puisque le
référendum national n'était là que pour approuver la création de ce statut
spécifique et les droits attachés à ce territoire. L'article spécifique de
la Constituion prendra fin après le référendum pour en faire appliquer le
résultat : soit indépendance, soit intégration à la République (sans doute
alors sous forme d'un COM comparable au statut de Wallis-et-Futuna, ce
statut ne mettra cependant pas fin aux statuts personnels ni au droit
coutumier que la Consititution protégera encore, ou bien un statut encore
spécifique prenant en compte les résultats du scrutin local, lequel peut
aussi décider de conserver la citoyenneté néo-calédonienne spécifique (qui
s'ajoute encore actuellement aux citoyenneté française et européenne, ainsi
qu'à la nationalité et au droit de résidence et aux statuts personnels).

La Nouvelle-Calédonie est actuellement encore dans son statut transitoire
jusqu'à ce qu'ait lieu le scrutin d'autodétermination. A la suite de quoi,
la France pourra revendiquer (quel que soit l'issue du scrutin) que la
Nouvelle-Calédonie soit retirée de la liste des territoires à décoloniser
puisque ce ne sera plus effectivement une colonie selon les définitions de
l'ONU (l'autodétermination ayant eu lieu, pour ou contre l'indépendance, et
puisque pour le reste elle est largement autogouvernée et aura choisi
elle-même de conserver ou non la tutelle de la République française).

Pendant un temps des pays tiers ont voulu placer Mayotte sur la liste des
colonies, mais les électeurs de Mayotte ont clairement et massivement voté
pour un rapprochement accru de leur statut dans la République. Il n'en est
plus question et Mayotte a été retirée de la liste (au grand dam du
gouvernement des Comores).

Les questions restantes liées à la souveraineté ne concernent plus que les
petits fragments de terres sans résidents permanents (comme les îles
Éparses ou Clipperton) puisqu'il y est impossible d'utiliser
l'autodétermination comme critère, et ce ne peuvent être non plus des
colonies sans résidents locaux : ce sont juste des questions de
revendication basée sur la seule occupation régulière au moins une fois
chaque année, et le droit international de la mer (« j'y suis déjà, j'y
reste »). Si la France omettait de visiter un de ces territoires chaque
année, et tant qu'elle n'y a pas de résidents permanents, elle perdrait ses
revendications, et ne pourrait rien dire ensuite si un autre pays décidait
de s'y installer (la question est donc pertinente concernant les ilots très
éloignés à l'est de la Nouvelle-Calédonie).

D'ailleurs si la Nouvelle-Calédonie devient indépendante elle devra veiller
elle-même alors à sa souveraineté sur ces îlots inhabités, et si elle
l'omet, la France (ou un pays voisin comme Vanuatu ou les Fidji) pourrait
les réoccuper. Cette nécessité a un coût non négligeable que ce soit pour
la France actuellement ou si elle devient indépendante pour la future
Nouvelle-Calédonie.

La Nouvelle-Calédonie peut aussi devenir indépendante dans un statut de
libre association (comme certains pays voisins avec la Nouvelle-Zélande, ou
comme les possessions de la Couronne britannique avec le Royaume-Uni), une
forme de coopération renforcée où chacun dispose pourtant de sa
souveraineté "de jure" et du droit de se retirer librement de l'association.

Les différentes options possibles pour le nouveau statut du territoire sont
certainement à l'étude et discutés depuis longtemps au Congrés de
Nouvelle-Calédonie qui présentera les options aux électeurs néo-calédonien.

Mais rien ne semble militer pour un fractionnement possible du territoire,
il n'y a qu'un seul électorat néo-calédonien dans la Constitution, et il
n'est pas prévu de faire comme cela a eu lieu (de façon contestable) lors
de l'indépendance des Comores, une question aujourd'hui réglée depuis le
scrutin territorial spécifique à Mayotte, réglée aussi dans les statuts des
COMs actuels ou des nouveaux COM de Saint-Martin et Saint-Barthélémy).

On sait juste que pour ce scrutin d'autodétermination, la question ne sera
pas posée à tous les électeurs français, seulement aux électeurs
néo-calédoniens et on sait qui. Ils savent depuis longtemps s'ils sont
électeurs au Congrès de Nouvelle-Calédonie et les derniers participants ont
encore quelques jours pour le faire et jusqu'à la veille du scrutin s'il
atteignent leur majorité en 2014 (les mairies ont du les inciter à se
préinscrire assez tôt, mais la question se pose pour les citoyens
néo-calédoniens vivant en se moment en métropole ou d'autres territoires ou
pays et qui pourraient être présent en Nouvelle-Calédonie lors du scrutin
ou donner procuration).

Il n'est certainement pas prévu de procéder non plus par des arrangements
de la France avec les pays voisins ou des traités qui ne seraient pas
ratifiés par le Congrès de la République ou celui du territoire, c'est
l'autodétermination qui fera foi, d'où l'importance que ce scrutin soit
irrépprochable et bien préparé, et que les toutes les questions de
citoyenneté et d'électeurs habilités à voter aient été réglés (c'est un peu
le but aussi de cette période transitoire ; donner le temps de régler tous
les litiges avant le scrutin pour que personne ne soit oublié).

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NB :

Ces arrangements ont eu lieu par exemple dans les années 1970 entre
l'Espagne, le Maroc et la Mauritanie lorsque la colonie du Sahara
occidental (qui aurait du devenir indépendant) a été abandonné par
l'Espagne sans aucune autodétermination, et ensuite aussitôt colonisé par
le Maroc (la Mauritanie a abandonné ensuite ses revendications, et est même
été partiellement occupé par le Maroc). En terme de droit le Sahara
occidental n'a jamais été décolonisé et reste une responsabilité de
l'Espagne, même si elle n'y est pus du tout, et l'occupation marocaine (et
les expulsions massives de population sur un bout de territoire invivable
et qui ont du trouver refuge en Algérie ou en Mauritanie) reste totalement
illégale: le pays existe sur le papier, mais sa population légitime n'y est
plus et compte parmi les réfugiés.

Légitimement, les saharahouis peuvent encore revendiquer des droits ou
réclamer des dommages à la fois à l'Espagne et au Maroc (comme l'ont fait
contre le Royaume-Uni les populations déplacées de force de Diego Garcia,
pour donner un bail d'usage exclusif par l'armée américaine, le Royaume-Uni
doit aujourd'hui les indemniser et même chercher à rétablir des territoires
sur l'île; en négociant des compensations avec les USA pour en réduire son
bail, afin de réaccueillir des populations déplacées, dont bon nombre dans
de nouveaux pays voisins sans en avoir pour autant la nationalité ou la
pleine citoyenneté).

La France (et aussi d'autres pays européens d'ailleurs) a encore du chemin
à faire concernant des parties de sa population qu'elle ne veut pas
reconnaître de façon égale sur son sol, notamment les tziganes et roms qui
sont pourtant présents depuis de nombreux siècles, même s'ils sont
itinérants (la France butte sur les questions de nationalité multiple, qui
pourtant ne lui font pas problème quand il s'agit des stars du monde
sportif, l'itinérance n'est pas une excuse quand ces populations ont le
droit de voyager comme tout le monde et quand ces populations reviennent
régulièrement en France, où elles sont nées souvent et y ont des biens et
des droits patrimoniaux et sociaux).
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