Oui, les TVSS sont reconnus comme efficaces face aux courants induits géomagnétiquement (CIG) des tempêtes géomagnétiques mais il est souhaitable de prendre l'avis d'un professionnel qui étudiera l'installation pour le(s) disposer là où il faut (entrée, panneaux de distribution...). Un CIG est surtout caractérisé par une forte intensité et un faible voltage, un courant quasi continu en fait. Les CIG extrêmes seront dans des endroits très localisés dans un événement à vase échelle et monteront au plus à 100, 200 voir 400 A avec 2, voir 5 ou 20V/km, donc c'est bien mois que la foudre (1000 à 100 000 A en dizaines de millions de V). Ils sont considérés comme sans danger pour l'homme dans son environnement quotidien, contrairement à la foudre (on manipule bien des batteries de 300 A mais en 12V, sans problème - sur les CIG, le voltage sera encore plus bas et le CIG se heurtera à la résistance de la peau).

Sur une tempête géomagnétique extrême, l'IEM n'a rien à voir avec celle d'une bombe à fusion à haute altitude ; les variations du champ géomagnétique seront beaucoup plus faibles (les convections du plasma solaire assez peu dense dans la magnétosphère sont beaucoup moins fortes et rapides que celles d'un blast de plasma d'une bombe à fusion). Les circuits électroniques des appareils seront donc protégés, contrairement à une IEM de bombe à fusion à haute altitude où les mettre en cage de faraday est une bonne option. Sur les bombes à fusion à haute altitude, j'ai lu des docs qui expliquent qu'au moment de l'alerte, il faut enrouler les fils des appareils et les mettre loin des prises de terre pour qu'ils ne servent pas d'antenne et créent des arcs électriques. A mon avis, même sur une tempête géomagnétique majeure, pas besoin d'en arriver là. De toutes manières, les délais de réaction sur l'alerte tempête seront trop courts pour effectuer cette tâche et il vaut mieux éteindre simplement les appareils non essentiels, surtout en fait pour faire baisser la puissance consommée sur le power grid et faire gagner de la marge de manoeuvre aux opérateurs vis à vis de leurs plages de fonctionnement car les CIG vont entrer sur leur réseau HT et pourraient le surcharger. Du moins, c'est la doctrine que je plaide et elle participera indirectement à protéger les appareils des risques résiduels.

D'après la littérature scientifique, je n'ai pas vu de problèmes d'électrocution aux CIG dans les maisons. Le risque, s'il existe, est donc nul mais peut être résiduel. Mais, s'il est résiduel, cad s'il ne concerne que 0,01% des maisons, cela fait quand même sur un événement à vaste échelle, disons l'Europe, des dizaines de milliers de personnes qui pourraient être concernées. Mais peut-être qu'il n'y a pas de risque du tout. Je n'en sais rien et je cherche donc toujours de la littérature S&T à ce sujet et il est possible que je plaide pour ne pas toucher les prises électriques en contexte de tempête géomagnétique majeure, par précaution, pour éviter un arc avec la terre si le lieu se trouve près d'un axe très conductif. En fait, je suis juste rester sur l'événement de Carrington où un télégraphiste a créé un arc électrique entre sa tête et le réseau télégraphique en touchant un fil relié à la terre. Cela me laisse méfiant et je dois encore creuser ce sujet pour savoir si le risque est nul ou pas.

Quant à la question des particules très chargées et donc irradiantes arrivant de l'espace depuis le soleil dans les équipements sur terre, c'est vraiment marginal mais pas totalement exclus (un peu plus probable sur un événement de retour dix-millénal, comme les événements Miyake, auxquels l'humanité a survécu). Sur l'échelle de plusieurs vies humaines, il n'y a vraiment pas à s'inquiéter et il ne faut pas tomber dans des angoisses existentielles stériles.

Donc l'EMP de Morphéus est bien plus puissant que ce qui sera libéré par une tempête géomagnétique extrême. Par contre, oui, il vaut mieux ne pas se trouver ou mettre un appareil non protégé près des grands réseaux conductifs (comme les lignes HT, une voie ferrée, la mer) car le CIG trouvera le chemin le plus conductif pour rejoindre les longs axes conductifs et si c'est vous ou votre appareil, il fera le pont.

Je n'ai pas fait Supelec, ni ne suis astrophysicien, j'avance de manière transversale et générale sur ce sujet en tant que spécialiste en risque majeur.

Cédric

Le 08/10/2024 à 10:38, Toussaint OTTAVI a écrit :

Si je comprends bien, l'impact pour nos équipements terminaux est strictement identique à une surtension de type foudre qui arriverait par les fils ? Et les mesures de protection à mettre en oeuvre sont identiques (mises à la terre, équipotentielles, traitement des pénétrations de bâtiments, parafoudres coordonnés, etc... ) ?

Pardonnez mon coté totalement néophyte en ce domaine, mais les "IEM" telles qu'on les voit dans les fils de science-fiction, qui détruisent tous les appareils électroniques dans un périmètre donné, cela correspond à un risque réel de destruction de composants par effet lié à des particules chargées arrivant directement sur ceux-ci, ou bien il faut des réseaux conducteurs de grande longueur pour servir d'antenne, et nous recevons uniquement les surtensions engendrées au bout de ces fils ?


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Le 08/10/2024 à 10:38, Toussaint OTTAVI a écrit :


Le 07/10/2024 à 11:55, Cédric Moro a écrit :
Je travaille là-dessus, surtout pour les câbles optiques sous-marins et je vous donnerai les résultats de mon travail en novembre.

Merci pour ces informations, toujours très intéressantes.

Pour ce qui est des câbles sous-marins, effectivement, c'est de la fibre, mais on ne pense pas toujours qu'il y a des câbles d'alimentation à coté, et que, vu les distances, ils ramassent copieux :-) Ceci étant, bien que vivant sur une île, je n'ai pas la main là dessus, donc je laisse cet aspect aux "grands" opérateurs...

Pour ce qui est des conséquences au niveau énergie, c'est le même problème qu'une coupure EDF longue, qu'elle soit liée à une tempête de vent ou à un tractopelle égaré. Les solutions sont donc les mêmes : groupes électrogènes, photovoltaïque...

Mes interrogations portaient plus sur les impacts potentiels sur nos installations terminales (data centers, armoires techniques, sites isolés, locaux d'entreprise, petits campus...), sur l'impact des surtensions qui pourraient être récupérées par les réseaux, électrique mais également cuivre, et pénétrer dans nos locaux. En matière de data, si le cuivre a vocation à être remplacé par la fibre, il y en a encore quelques dizaines / centaines de kilomètres installés entre les NRA et les sites terminaux; et même si les liens sont désaffectés, s'ils ne sont pas forcément démontés physiquement, ils peuvent toujours récupérer des surtensions et les ramener à l'intérieur).

Si je comprends bien, l'impact pour nos équipements terminaux est strictement identique à une surtension de type foudre qui arriverait par les fils ? Et les mesures de protection à mettre en oeuvre sont identiques (mises à la terre, équipotentielles, traitement des pénétrations de bâtiments, parafoudres coordonnés, etc... ) ?

Pardonnez mon coté totalement néophyte en ce domaine, mais les "IEM" telles qu'on les voit dans les fils de science-fiction, qui détruisent tous les appareils électroniques dans un périmètre donné, cela correspond à un risque réel de destruction de composants par effet lié à des particules chargées arrivant directement sur ceux-ci, ou bien il faut des réseaux conducteurs de grande longueur pour servir d'antenne, et nous recevons uniquement les surtensions engendrées au bout de ces fils ?


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