Le mar. 18 sept. 2018 à 11:07, Rpnpif <rpn...@trob.eu> a écrit :

> L'attrait de la ville « moderne » y est fort. C'est un sentiment hérité
> du 20e siècle. Tu as raison, ce n'est pas un sentiment général.
>

Sentiment pas justifié, et plutôt maintenant contredit par la réalité de la
situation des "villes modernes" qui ont perdu leur attrait. Le
développement fort des activités en ligne, les problèmes de division des
territoires, le gaspillage des ressources rurales, le gâchis des paysages
périurbains, la gestion des risques comme l'inondabilité, la pollution, la
sécurité, les difficultés de transport ont largement revu la notion de
"ville moderne", dédiée à la voiture.
Les villes sont asphyxiées par les problèmes de distance et l'explosion des
prix des loyers et de l'immobilier et en fait la non-proximité des bassins
de vie, elles sont même devenues des freins à la mobilité (malgré le
développement des transports publics). Les urbains des grosses villes
envient la vie des villages, et certaines villes s'en tirent nettement
mieux. Une "ville moderne" ce n'est pas Paris, New York, Londres, ou
Shangaï, c'est plus Berlin avec ses nombreux villages et une grande
accessibilité pour les piétons et une mixité des zones
résidentielles/d'activité/commerciales/services, une réduction drastique de
l'espace dédié aux véhicules, et un fort développement environnemental; le
modèle est complètement multipolaire : la ville centre qui draine tout ce
qui est autour n'est plus un modèle enviable...

Des grandes villes françaises (métropoles) l'ont compris - Brest, Rennes,
Nantes, mais même aussi Marseille - dans le développement de leurs
"quartiers-villages" avec une identité forte, et la fin du vieux modèle des
ZA/ZI/ZUP hérité de la reconstruction d'après-guerre. Paris n'a encore rien
fait et reste dans l'ancien modèle de la "ville-phare" qui exclut toujours
et renvoie tous ses problèmes à ses banlieues (et la nouvelle métropole de
Paris ne change rien).

Paris était pourtant avant une ville faire de quartiers-villages (jusque
vers les années 1920), ce qui ne l'empêchait pas d'avoir un rayonnement
international fort et une grande mixité sociale, tout en permettant le
développement d'autres villages tout autour ; ce n'est plus le cas, il n'y
a plus d'identité du tout et on a des horreurs maintenant dans les
banlieues très fortement segmentées (que ce soit Levallois-Perret, ou
Nanterre) : on a poussé le centralisme et la spécialisation des quartiers
beaucoup trop loin, et c'est maintenant très difficile à inverser en
oubliant ce qui faisait la force de Paris : sa région et son développement
multipolaire. Dans les années 1960 on a cherché à reproduire le problème en
créant des "villes nouvelles" (un modèle renouvelé encore avec
l'installation d'Eurodisney à Marne-La Vallée). A mon avis, c'est un échec
cuisant: il n'y a même pas réellement de ville, mais pas plus de villages
autour et tout est ramené à Paris qui draine tout, jusque dans l'image des
cités nouvelles où Paris s'incruste dans tout, et où tout a été fait encore
pour l'automobile ou les transports internationaux, en oubliant le
développement d'une vie locale comme aussi la préservation de
l'environnement.

Et cela n'a pas permis davantage de développement de l'activité, notamment
les PME et l'artisanat. La France (contrairement à l'Allemagne qui s'en
sort nettement mieux) se laisse encore malmener et dicter sa politique
territoriale par les grands groupes internationaux pour qu'ils s'y
installent mais qui finalement n'apporte pas plus d'activité, cassent une
grande partie des autres, et non seulement ne payent pas le prix, mais en
plus échappent à la fiscalité et au final ce sont les habitants modestes
qui en payent le prix, ainsi que la démocratie locale qui s'affaiblit.
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