Le lun. 17 sept. 2018 à 14:05, Florent Richard <florentrich...@hotmail.fr> a écrit :
> Finalement le terme ville (ou village) ne me semble pas avoir de > fondement sûr. > Il faut s'en servir comme repère mais pas pour valoriser une entité. > > Je sais que dans l'Ouest, le terme village est dévalorisant pour > beaucoup, ça fait trop rural en supposant que ce dernier mot soit > péjoratif. On a son honneur ;). > Certains ont l'honneur mal placé. Des communes s'honorent d'être vues comme des villages, et valorisent justement leur côté rural pour le préserver et favoriser la concentration résidentielle dans des bourgs où on trouvera commerces, services, activités, facilités de transport. C'est même une démarche de plus en plus prise en compte pour le développement durable, la préservation des ressources, et le développement culturel et touristique. Même des grandes villes veulent se doter d'une organisation en "villages" et lutter contre la ségrégation des quartiers rasidentiels, commerciaux; il y a une profonde remise en cause aussi des zones d'activité qui ont pollué les périphéries urbaines et largement gâché le paysage (en plsu du fait qu'elles coutent cher aux communes qui doivent complexifier leur système de transport public, et sont peu pratiques pour les habitants car ce modèles des années 1970 a largement contribué à organiser la ville en fonction des voitures, et pas des piétons, cyclistes, retraités, familles avec jeunes enfants. Et ces quartiers déstructurés posent aussi des problèmes de sécurité. Au final la ville a perdu son accessibilité. Les lois récentes ont transféré les compétences d'urbanisme des communes aux intercommunalités : elles réfléchissent à mettre fin à ces ségrégations, reconnecter les ZA aux centres-bourgs et les redensifier en y incluant des résidences. De nombreux espaces de parkings inutiles et de pseudo-jardins très mal entretenus avec des pelouses stériles (et des tas de dépôts des zones de stockage sur les surfaces artificialisées, ont généré pollution, engorgement des évacuation des eaux; trop de mares et ruisseaux comblés et drainés, au final prévenir les inondations est devenu beaucoup plus difficile). La ville est pourtant aussi une chance car ces espaces peuvent être renaturalisés. Des tas de surfaces artificialisées ont changé d'activité et d'immenses parkings ne servent plus à rien. Les communes procèdent donc à des réacquisitions de terrains et au lieu de développer de nouvelles zones résidentielles, reconvertissent ces ZA pour y inclure des logements et repenser les surfaces dédiées aux stationnement et sinon recréer des couloirs verts et des chemins de prmonades pour cyclistes et piétons, et améliorer la desserte par des voies de service réservées pour les transports en commun. Des opportunités apparaissent pour remettre des jardins publics et parcs, développer des ruches, des lieux de nidification adaptés pour oiseaux et chauves-souris (qui au passage luttent efficacement aussi contre la prolifération des insectes qui sont maintenant un problème sanitaire sérieux), dégager les ruisseaux, remettre en place des étangs et bassins d'orage, et dépolluer l'environnement qui a été gâché pendant des décennies. Les villes veulent maintenant se redévelopper en quartiers qui font "villages". Bien réaménagés, les communes parviennent à éviter les pressions immobilières et lutter contre la hausse des prix qui éloigne les habitants dans des périphéries "rurbaines" dépendantes des voitures. La notion de village n'est pas morte, même dans les grandes agglomérations. Elle est bien vivante, et on a des exemples réussis de ce développement volontariste dans les communes de l'agglomération rennaise (maintenant Rennes Métropole) qui ont pris cette démarche très tôt et se sont concertées bien avant que les lois l'impose. Avec des bénéfices certains pour les habitants : notamment une offre de logements sociaux solide, des prix qui sont restés accessibles à tous (même en centre-ville de Rennes), des quartiers rénovés et vivants. Les grandes zones industrielles des années 1970 sont grignotées petit à petit par un développement multisectoriel. Le domaine piéton et cycliste s'est agrandi. La voiture a largement reculé parce que le besoin de l'utiliser est moindre. Rennes est en train de devenir une ville composée de villages autonomes et beaucoup plus autosuffisants (un peu comme Berlin qui a gardé lui aussi ses villages même après la réunification allemande). Bref il n'y a aucune fierté à se classer comme "ville". En revanche l'attractivité d'un territoire se fait maintenant sur une échelle plus large : la métropole, et maintenant les PETR (Pôles territoriaux et ruraux) développés autour pour assurer la cohésion et la répartition équitable des efforts et des ressources (en groupant les communautés de communes ou les communes nouvelles qui les remplacent parfois) et une promotion commune des atouts des territoires. Et puis le commerce est en plein bouleversement avec la forte hausse du commerce en ligne (des tas de grandes zones commerciales ferment, mais il reste des pôles de service plus petits, et les grandes surfaces sont en train de disparaitre au profit de leur réintégration dans le tissu commerciale des bourgs-centres et des communes et quartiers périphériques, et notamment des zones de retrait de colis ne nécessitant plus de voiture, ni même de livraison à domicile avec des tas de camionnettes polluantes et encombrantes, il restera des zones de stockage pour la logistique mais moins nombreuses et fonctionnant davantage en "flux tendu", mais plus pour la vente directe). Et avec ce modèle nait des tas de possibilités d'activités de service à domicile pour les personnes. Les habitants et travailleurs passent moins de temps en transport et récupèrent du temps de vie, ce qui permet aussi de développer l'offre culturelle et les loisirs et renforcer l'attractivité, tout en maintenant une meilleure cohésion sociale. Le modèle de "village" est plutôt bien vu et largement remis à l'honneur, avec un "centre-bourg" accessible facilement des autres quartiers et la fin du saccage du milieu rural par la dispersion résidentielle et le morcellement par les zones artisanales. Même les "lotissements" résidentiels sont maintenant bien plus petits et s'articulent dans des quartiers/villages où la mixité sectorielle (résidences/services/commerces/activités/culture) et sociale (des âges, formes familiales, revenus) s'impose. Il ne s'oppose pas au rayonnement des "villes" maintenant sur un territoire plus étendu avec les métropoles et la solidarité avec les PETR environnant, pour faire "pays". Alors quand tu dis "dans l'Ouest, le terme village est dévalorisant", c'est en fait tout l'inverse. Dévalorisant pour qui ? Même les parisiens envient les villages de l'ouest et leur bon-vivre. Pour ceux qui y vivent et ressentent cela, c'est peut-être parce qu'ils sont exclus socialement ou ne connaissent pas ce qui existe autour d'eux (une riche carte peut les y aider...) parce qu'il manquait une promotion des territoires et une réelle connaissance de celui-ci. Il y a des municipalités plus actives, mais il peut rester c'est vrai des zones encore trop délaissées (notamment en Centre Bretagne, mais c'est maintenant compris et pris en compte par les grandes agglomérations où vivent des habitants qui ont encore de grosses attaches à leur espace rural, et voudraient même y revenir et pouvoir y vivre : cela commence à être possible et la conversion des anciennes ZI/ZA rurales en quartiers/bourgs multisectoriels le permet). Il y a d'autres régions qui en revanche ont bien plus de problèmes, notamment en Champagne-Ardenne où tout se concentre autour de Reims (sinon qui se vide au profit des régions de Paris, Lille, Dijon, l'Alsace sur l'axe rhénan, et la Lorraine se vide aussi vers l'axe Nancy-Metz-Luxembourg), une région où la "ruralité" est d'autant plus mal vu que le développement urbain est aussi très mal organisé et a subi les effets de la grande crise post-industrielle et le manque d'emplois (leur nouvelle "métropoles" ne décollent pas et ne peut pas décoller sans aide et solidarité des autres métropoles plus vivantes autour (qui devraient donc développer des "pôles métropolitains", comme celui de Bretagne-Loire) ! Et puis "rural" ne veut plus dire "loin de tout" (et avec l'activité en ligne qui explose et le développement de l'internet rapide, on a en fait moins besoin de ces grosses villes ingérables où on n'a plus le temps de rien faire et où les coûts explosent, les taxes et dettes aussi). Et cela n'empêche pas du tout le développement du tourisme et l'activité culturelle et la reprise en main de la ville par ses habitants qui dépendent alors moins des services publics municipaux et développent eux-mêmes et plus efficacement leurs propres services de proximité (même sans comptabilité: on partage et on échange, on récupère, recycle, on s'entraide et surtout on se parle et on connait à nouveau ses voisins).
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