Je ne me fierais pas trop à la présence des traces d'engins (sur
l'imagerie) pour dire qu'une prairie a de l'herbe "pérenne" (sinon on a les
mêmes problèmes que Corine mais cette fois à une échelle beaucoup plus fine
où l'erreur d'interprétation est beaucoup plus grossière et plus grave, que
ce que donne Corine à son échelle relativement fiable).

Car même si un champ doit rester une prairie pour le pâturage, la qualité
fourragère de son herbe peut se dégrader et devenir assez pauvre, trop
ligneuse, parfois néfaste à la qualité du lait ou de la viande, voire
toxique pour les animaux ou dans les produits agricoles dérivés.

De nombreux pâturages sont donc entretenus par les agriculteurs, qui de
temps en temps vont aller les désherber, les retourner, et resemer l'herbe.
Les agriculteurs peuvent aussi faire des traitements phytosanitaires
(aucune pâture pendant un temps après ce traitement car c'est toxique pour
les animaux tant que les produits ne sont pas dégradés ou
lessivés), boucher les trous laissés par les animaux et réensemencer, poser
des drains et canalisations pour couvrir des fossés, faire des coupes dans
les haies, tailler les arbres, refaire des clôtures ou en enlever pour
réunir des parcelles, ...

Jusqu'à ce qu'un jour il juge qu'il n'a plus besoin de cette pâture pour
ses bêtes (il a équipé un espace de stabulation pour aller vers une
production plus intensive) et qu'il préfère alors les semer pour faire de
l'ensilage ou des céréales annuelles destinées à son élevage.

L'inverse est aussi vrai s'il décide d'abandonner l'élevage intensif pour
aller vers une production de meilleure qualité et plus rentable
économiquement (une production « Bio » par exemple, qui impose certaines
contraintes pour obtenir le label lui permettant de vendre moins en
quantité mais globalement plus cher ou avec moins d'investissements, et
donc aussi moins de risques financiers que les banques ne veulent plus
prendre, et que la PAC ne veut plus aider à financer).

Si Corine ou toi ne s'appuie que sur l'imagerie aérienne, il y aura des
erreurs. Même en allant voir sur le terrain, une visite ne suffira pas et
on ne pourra rien conclure de l'absence ou la présence de ces traces
d'engins, qui peuvent être assez fréquents à certaines périodes, et
beaucoup moins à d'autre. Ce sera pareil si on s'appuie sur la présence ou
non de bêtes en pâture.

Pour réellement savoir si l'herbe d'une "prairie" est "pérenne", il n'y a
pas d'autre choix que de comparer les images (ou données dérivées de ces
images) sur plusieurs années, en ignorant les périodes où le terrain vient
de faire l'objet d'une remise en état ou transformation importante
(difficile de savoir à ce moment-là si c'est pour une culture ou pour un
pâturage) : il va falloir revisiter l'année suivante pour savoir si on y
trouve ou pas une culture (même fourragère: on verra que le terrain a été à
nouveau retourné et que l'herbe semée l'année précédente n'est déjà plus là
et que ce n'était que de l'ensilage, donc que le terrain n'est plus une
prairie ou pâture mais bien un "champ").

Dans certains cas on pourra même trouver que l'agriculteur y a fait une
plantation d'autre chose (création d'un bois, d'un verger, d'un vignoble),
voire construction de serres maraîchères, ou revente du terrain à un
lotisseur (le nettoyage ayant été fait pour apporter plus de valeur au
terrain et faciliter sa revente, notamment après un drainage, le comblement
des fossés et un redécoupage des lots).

Il arrive aussi qu'un lotisseur achète le terrain en l'état, mais qu'en
attendant sa mise à vente (ainsi que les permis de lotir, l'arrivée de la
viabilisation et des réseaux d'eaux usées obligatoires puis des permis de
construire...), en confit l'entretien au même agriculteur (qui y fait donc
du fermage, renouvelé par contrat privé chaque année), en lui demandant de
faire ce nettoyage (le lotisseur peut payer l'agriculteur pour les travaux
importants comme le désherbage, le drainage, la coupe des haies,
l'entretien des arbres, l'arrachage des souches). Parfois le projet du
lotisseur n'aboutira pas (refus dune municipalité, interdiction
administrative, ou nouvelle contrainte légale), et soit il revendra à
nouveau à un agriculteur ou il fera un appel d'offres aux agriculteurs
voisins pour du fermage avec des baux assez longs (par exemple 5 à 20 ans
pour des cultures ou pâtures, ou beaucoup plus si c'est pour aller y
planter un bois, un verger ou un vignoble ou y installer des serres...).

Il y a aussi des accords avec les sociétés de chasse locales (contre la
prolifération de certains gibiers), parcs régionaux, propriétaires privés
ou publics de terrains, qui peuvent aussi demander et payer les
agriculteurs pour aller faire de l'entretien, voire même retourner un champ
pour le resemer, ou bien aller y faire paître des animaux certaines années
(sans que ce soit pour autant des "prairies" ou des "champs" réellement
dédiés).

Le 4 décembre 2012 23:26, Vincent Pottier <vpott...@gmail.com> a écrit :

>
> Sur CLC, dans certaines zones, l'imagerie a été faite probablement à une
> période où certaines céréales étaient "en herbe". Difficile de remarquer
> alors qu'une parcelle est une prairie, une autre un champs de célérale en
> herbe. Quelle était la définition des images pour CLC ?
> Je viens de reprendre des tracés CLC. Ce qui permet de distinguer, sur
> l'imagerie, le champs de la prairie, ce sont les traces des engins
> agricoles de traitement. Quand le tracteur passe plusieurs fois au même
> endroit pour l'engrais, les fumures, les traitements... il laisse des
> traces.
> Dans une prairie, le tracteur ne fait pas tant de passages. Tout au plus
> une fumure de fond dans l'année. Plus les fauches... Bref il ne laisse pas
> les mêmes traces.
>
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