On mardi 21 juillet 2020 16:36:55 CEST Pierre Beyssac - p...@fasterix.frmug.org 
wrote:
> Bonjour,
> 
> On Mon, Jul 20, 2020 at 04:02:43AM +0200, frnog.kap...@antichef.net wrote:
> > Désolé de te contredire Stéphane mais ce n'est pas ce que dit l'article.
> > Le passage dont tu parles est une petite note de 4 lignes qui arrive en
> > toute fin d'un billet de près de 250 lignes qui sont consacrées à
> > démontrer que la réduction des volumes transportés n'entraine pas de
> > réduction significative de la consommation énergétique pour amener à
> > l'idée que la sobriété numérique serait un effort inutile.
> 
> Stéphane a très bien compris le sens du billet. J'en suis l'auteur
> et j'ai mis un certain nombre d'avertissements (dont en tête du
> billet) pour expliciter que ce n'est pas la demande de sobriété
> numérique en tant que telle que je critique, mais 1) la "sobriété
> pour la sobriété" si elle n'a aucun sens énergétique (il s'agit
> d'une démarche monastique, non pragmatique) et 2) en particulier,
> combattre l'idée fausse et malheureusement répandue que notre impact
> énergétique est proportionnel à notre consommation de données, ce
> qu'aucune donnée factuelle ne montre, au contraire.
> 
> Si le billet n'est pas suffisamment clair malgré les multiples
> avertissements, je peux le corriger, mais on ne m'expliquera
> pas ce que j'ai voulu dire car j'en ai une assez précise idée :)
> 
> Il s'agit donc juste de déconstruire une idée particulièrement
> fausse.
> 
> Ce n'est pas une thèse générale sur l'impact du numérique, qui en
> effet est un sujet bien plus large, et il ne me viendrait pas
> à l'esprit de nier que cet impact existe.

Bonjour, et merci de prendre le temps de faire le suivi de votre billet.
Toutefois un peu moins d'art d'avoir toujours raison serait appréciable.

N'ayant pas prétendu que Stéphane n'avait pas compris le billet, ni évoqué ce 
que l'auteur cherchait à dire on peut se demander si votre réponse n'est pas 
un banal homme de paille.

Ma remarque en réponse à stéphane était basé sur une simple analyse factuelle 
de ce que dit le billet et de ce qu'il ne dit pas sur le point précis de la 
prise en compte du cycle de vie des matériels. 
Or ce billet omets globalement cette notion pour la reléguer à une mention 
incomplète à la toute fin, sans le prendre en compte[1].

Toute analyse énergétique qui ne prends pas en compte l'énergie grise[2] peut 
difficilement être prise au sérieux, en particulier dans le contexte de la 
lutte contre le dérèglement climatique où le succès de la démarche repose sur 
le fait de ne rien omettre.

[1]: https://i.imgur.com/EiPQryg.jpg
[2]: https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_grise
 
> On voit fleurir les articles du style "le numérique a un impact de
> x % des GES mondiaux" suivi de (handwaving) "60 % du volume consommé
> concerne la vidéo en ligne, il faut donc réduire notre consommation
> de données". Le lecteur en tire bien évidemment une conclusion
> fausse, et appliquera des efforts vains (au lieu de penser à éviter
> de changer d'ordiphone pour un oui ou pour un non).

Qu'il existe des articles ayant des défauts, des limitations ou comportant des 
erreurs, ne rends pas le votre plus exact.

D'autant que si vous avez lu les documents que vous utilisez dans votre 
billet, vous devriez savoir que le remplacement anticipé des ordiphones est 
une conséquence directe de l'augmentation des capacités de transport des 
réseaux mobiles.

“D’autre part, les évolutions des réseaux sont souvent suivies par des 
évolutions importantes des usages qui requièrent que les utilisateurs 
renouvellent leurs équipements pour en bénéficier. Ainsi, les générations 
successives de réseaux mobiles ont encouragé un renouvellement du parc des 
terminaux ; (...) cet effet est susceptible d’avoir un effet important en 
termes d’émissions de GES.” 
-- page 6 du rapport de l'ARCEP, section 2.7 Des évolutions technologiques qui 
promeuvent de nouveaux usages


> > Le fait que l'auteur ait été amené à ajouter un avertissement en
> > introduction pour préciser que son objet n'est pas de nier l'impact
> > environnemental du numérique indique qu'un certain nombre de lecteurs ont
> > pensé que c'était le cas à la lecture du billet. Soit qu'une partie du
> > lectorat ait mal interprété les propos peut-être à cause d'une
> > formulation hasardeuse, mais peut-être aussi qu'une partie du lectorat a
> > correctement interprété le propos du billet et l'auteur se trouve obligé
> > de s'en défendre.
> 
> J'essaie de sérier les problèmes. Qu'on s'attaque aux vrais plutôt
> qu'aux problèmes fantasmés, en chiffrant correctement les impacts,
> sans dogmatisme. Vouloir tout aglomérer dans un gros blob "le
> numérique c'est mal" n'est pas une méthode d'analyse suffisamment
> fine, elle permet d'affirmer un peu n'importe quoi sans chiffre.

Ah oui quand même...

Permettez moi de vous poser quelques questions:

Dans votre billet, vous citez un extrait choisi du rapport de l'ARCEP sur la 
consommation, pouvez vous nous dire ce que dit le début de la phrase que vous 
avez coupée, qui apparait en gras ? Ainsi que la phrase qui suit, qui apparait 
elle aussi en gras dans le rapport ?

Vous serez sans aucun doute d'accord que votre démonstration repose sur l'idée 
qu'un réseau mobile ne consomme pas plus selon qu'il soit utilisé ou pas au 
travers de votre interprétation de l'étude finlandaise. Pouvez vous nous 
rappeler ce que dit le point 2.1 du rapport de l'ARCEP ? Et ce que dit l'étude 
Finlandaise page 10 entre 'Quick' et '[9]', et plus bas entre 'However' et 
'minor'?

Pouvez nous dire ce que rapporte l'étude finladaise au 4.2 dans les deux 
premiers paragraphes ?

Vous faites le choix de comparer la consommation d'un ordiphone à celle d'une 
ampoule LED. Dans un soucis de rester pertinent par rapport à la 
problématique, pourriez vous comparer la consommation d'un ordiphone qu'on 
utilise pas (éteint et en veille) à la consommation du même ordiphone utilisé 
pour regarder 1h de vidéo sur youtube avec les paramètres par défaut et pour 
2h de la même vidéo (en wifi, en 3G, en 4G) ?

Vous mettez en avant l'importance de chiffrer correctement les impacts, pouvez 
nous rappeler à combien vous chiffrez le coût de fabrication d'un terminal 
mobile dans votre billet ? Pouvez vous indiquez où vous mentionnez l'impact de 
la dépollution/recyclage d'un terminal usagé ? celui de la fabrication/
dépollution/recyclage de tous les éléments du réseau autre que le terminal 
mobile ?
Pouvez vous chiffrer le cout énergétique, en prenant en compte l'énergie 
grise, du scénario du déploiement d'un réseau mobile national en 5G incluant 
le remplacement des terminaux pour des versions compatibles 5G ? Pouvez vous 
comparer ce scénario à celui où on reste à la 4G en activant la VoLTE et en 
activant pas la VoLTE? et à celui où on supprime les réseaux mobiles pour ne 
conserver que les réseaux fixes ? 



> > Ici l'objectif est bien de ramener la consommation totale en dessous du
> > seuil de capacité de charge de la planète.
> 
> La planète a une limite en terme de volume d'échange de données numériques ?

Désolé mais je n'ai pas la moindre idée du rapport entre cette question et 
l'affirmation précédente.
D'autant que je ne vois pas bien l'intérêt d'une question aussi absurde dont 
la réponse est évidente: la planète étant finie, elle ne peut supporter 
quelque chose d'infini. Tout activité dépendant des ressources planétaires a 
donc des limites.

Pour la France on a retenu l'objectif peu ambitieux ambition qui nous donne 1 
chance sur deux de ne pas dépasser 2,5°, ce qui pour les gazs à effet de serre 
revient à un budget de 2 tonnes par habitant et par an. La phase 
d'exploitation des réseaux a elle seule, alors qu'elle est la plus optimisée, 
prends 8% de ce budget sans compter les cycles de vies des équipements, les 
terminaux, ni les centre de données alors qu'on a pas encore parlé d'accès à 
l'eau potable, de se nourrir, de se loger, de se déplacer. Et on parle 
uniquement des émissions de gazs à effet de serre.
À titre de comparaison, à l'échelle européenne juste pour se nourrir on est à 
50% du budget pour la moitié la plus démunie, et entre 80% et 115% pour la 
moitié la plus riche[3][4]

[3]: https://nitter.net/pic/media%2FEcQUHcWXkAA4wT6.jpg%3Fname%3Dorig
[4]: https://www.cambridge.org/core/services/aop-cambridge-core/content/view/
F1ED4F705AF1C6C1FCAD477398353DC2/S2059479820000125a.pdf/
unequal_distribution_of_household_carbon_footprints_in_europe_and_its_link_to_sustainability.pdf

> > Dans les faits, la consommation totale augmente de plus en plus vite, la
> > consommation du numérique augmente aussi de plus en plus tandis que la
> > consommation des autres secteurs que le numérique pourraient compenser ne
> > diminue pas. Ça semble indiquer que la consommation du numérique vient
> > s'additionner à celle des autres secteurs au lieu de s'y substituer.
> 
> Il ne faut pas confondre consommation énergétique et consommation
> en volume de données. Donc soyons précis dans ce que nous disons.
> Sinon, beaucoup de gens vont croire que diminuer leur consommation
> de données par 2 va diviser leur impact énergétique numérique par
> 2... et c'est totalement faux.

Jà encore Je ne sais pas à quoi vous répondez, ni d'où vous vient cette idée 
de confusion entre deux notions qui n'ont pas été évoquées.
Je parlais de consommation totale (toutes ressources confondues, tous secteurs 
confondus, de l'ensemble des activités humaines) et de la consommation du 
numérique (toutes ressources confondues de toutes les activités du numérique).

Si il y une confusion à éviter c'est entre énergie et électricité, ou entre 
énergie finale et énergie primaire. Une notion qui est absente de votre 
billet.

Je ne fais nullement mention de consommation énergétique (qui serait 
inappropriée du point de vue climatique car la production d'énergie est un 
processus hétérogène avec des impacts plus ou moins importants dans le 
dérèglement climatique) et absolument pas de volume de données qui de mon 
point de vue ne sont pas consommées mais transportées.

De plus la notion de volume de données, comme la consommation énergétique, est 
très hétérogène et très variable: quand j'emmène 4To de données à mon voisin 
sur un disque dur ça n'a pas du tout la même empreinte que quand je lui donne 
accès à un dossier partagé contenant les mêmes données et qu'il y accède en 
faisant un point d'accès wifi avec son ordiphone connecté en 3G, point d'accès 
qu'il utilise avec son laptop qui est branché sur son téléviseur 60 pouces.

La notion de volume de données n'existe pas seule en isolation, détachée de 
tout, il s'agit d'une variable faisant partie intégrante d'un système, et 
c'est l'ensemble du système qu'il faut considérer.

Par curiosité, si une personne réduit sa consommation de données à 0, de 
combien réduit elle son impact énergétique numérique selon vous ?

> Une autre question serait : veut-on vraiment réduire l'impact en
> tapant là où il faut, ou veut-on se faire plaisir (et tester son
> influence sur la population générale) en leur donnant l'impression
> qu'ils font un effort en nous obéissant ?

Vous êtes vous seulement posé cette question ?
Corrigez moi si je me trompe, il me semble que votre billet ne propose aucun 
endroit où taper, et ne quantifie pas la réduction à atteindre, alors qu'en 
même temps il tente d'influencer les lecteurs à adopter un comportement.
Il est par ailleurs assez instructif de comparer la différence de traitement 
du rapport de l'ARCEP entre votre billet et celui de nextinpact[5].

Vous posez le problème de sorte qu'il soit difficile d'atteindre les objectifs 
et facile de marchander pour prolonger aussi longtemps que possible ce qui 
pose problème.
Pour tenir les objectifs et les délais il n'est pas question de partir d'un 
existant et d'essayer de le faire entrer de force dans une boite à coup de 
réduction d'impact localement ici ou là.

Poser le problème pour pouvoir espérer atteindre les objectifs dans les délais 
impartis consiste à remettre en cause le système dans son ensemble, vider 
totalement la boite et commencer à mettre les choses dedans une après l'autre 
en commençant par les choses essentielles.

Se tromper ainsi d'approche exprime généralement que l'on a pas atteint le 
stade de l'acceptation dans le modèle de Kübler-Ross[6] mais qu'on est entre 
le stade du déni et le stade du marchandage.

Un gigantesque volume de données numériques en augmentation croissante et 
rapide est il essentiel à notre survie ? Permettez moi d'en douter. 
Un niveau d'émissions de gazs à effet de serre de la seule exploitation des 
réseaux des opérateurs qui est quasi constant[7] est il compatible avec 
l'objectif d'une baisse de 40% avant 2030 par rapport aux niveaux de 1990? 
Prenez les niveaux d'émission de GES des réseaux en 1990, retirez 40% et vous 
avez notre objectif à atteindre en moins de 10 ans, voila la mesure à prendre 
pour se rendre compte du chemin à parcourir.

La réalité de l'urgence climatique c'est qu'on a eu une fenêtre où on aurait 
pu chercher où et comment faire des réductions dans l'objectif stabiliser nos 
consommations, on a eu 40 ans pour le faire mais on ne l'a pas fait et on a 
même fait le contraire. La fenêtre d'opportunité est passée et on en est plus 
là aujourd'hui.

[5]: 
https://www.nextinpact.com/news/108335-larcep-revient-sur-empreinte-carbone-numerique-et-sa-consommation-electrique.htm
[6]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Mod%C3%A8le_K%C3%BCbler-Ross
[7]: rappelons que ce graphe ne prends pas en compte les émissions liées aux 
importations et que les opérateurs dépendent des importations pour leurs 
infrastructure: https://i.imgur.com/7js0oCD.png







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