On vendredi 17 juillet 2020 13:19:46 CEST Stephane Bortzmeyer - 
bortzme...@nic.fr wrote:
> On Fri, Jul 17, 2020 at 12:53:09PM +0200,
>  frnog.kap...@antichef.net <frnog.kap...@antichef.net> wrote
> 
>  a message of 199 lines which said:
> > Or ces éléments ils ne tombent pas magiquement du ciel, il faut les
> > fabriquer, les acheminer, les installer. Ce qui nécéssite des
> > usines, l'extraction de matières premières, leur transformation,
> > leur transport, etc.  Tout cela fait partie d'un tout,
> 
> Ce que dit l'article « Il semble également établi, jusqu’à preuve du
> contraire — les données fiables sur la question sont rares en Europe
> –, que la fabrication des terminaux mobiles reste une activité
> consommatrice de ressources, il est donc utile d’utiliser les nôtres
> le plus longtemps possible pour mieux en amortir ce coût fixe.  »

Désolé de te contredire Stéphane mais ce n'est pas ce que dit l'article.
Le passage dont tu parles est une petite note de 4 lignes qui arrive en toute 
fin d'un billet de près de 250 lignes qui sont consacrées à démontrer que la 
réduction des volumes transportés n'entraine pas de réduction significative de 
la consommation énergétique pour amener à l'idée que la sobriété numérique 
serait un effort inutile.

La petite note de fin de billet n'étant pas prise en compte dans le 
raisonnement, notamment la comparaison entre ordiphone et ampoule que je 
reprends dans ma réponse.

Le fait que l'auteur ait été amené à ajouter un avertissement en introduction 
pour préciser que son objet n'est pas de nier l'impact environnemental du 
numérique indique qu'un certain nombre de lecteurs ont pensé que c'était le 
cas à la lecture du billet. Soit qu'une partie du lectorat ait mal interprété 
les propos peut-être à cause d'une formulation hasardeuse, mais peut-être 
aussi qu'une partie du lectorat a correctement interprété le propos du billet 
et l'auteur se trouve obligé de s'en défendre.


> > Ce qui est indéniable c'est que la consommation globale des usages
> > numériques augmente considérablement avec le temps, ce qui n'est pas
> > tenable dans la durée et évolue dans la direction opposée à celle
> > imposée par les mesures à prendre pour éviter le pire du changement
> > climatique.
> 
> Il me semble que c'est une erreur de vouloir que la consommation du
> numérique, isolée des autres secteurs, baisse. Si l'usage du numérique
> fait baisser les consommations des autres (télétravail
> vs. déplacements en voiture, courrier électronique vs. papier),
> l'augmentation de la conso du numérique n'est plus un problème.

Ici l'objectif est bien de ramener la consommation totale en dessous du seuil 
de capacité de charge de la planète.

J'ai l'impression que l'erreur c'est que le problème est mal posé. Si je peux 
me permettre je vais présenter les choses sous un autre angle.

On sait qu'on doit rester en dessous du seuil de capacité de charge de la 
planète, on a donc un budget qu'on ne peut pas dépasser et qu'on doit allouer 
aux différentes activités.
il semble évident on devrait commencer par les choses essentielles qui 
couvrent nos besoins, dans l'ordre: de l'air respirable, de l'eau potable, de 
la nourriture comestible, un abri où vivre pour tous, des relations sociales 
épanouissantes, la santé, etc.

Les déplacements en voiture, le papier ou le numérique sont des choses qui 
relèvent du superflu et auxquelles on allouera du budget si il en reste quand 
on aura couvert les choses essentielles.
On retombe sur la fameuse histoire du professeur, du bocal et des gros 
cailloux[0].  

Sous cet angle là, on voit que si le numérique permets de compenser la 
voiture, ça reste problèmatique si on a pas de quoi se nourrir. Compenser une 
activité superflue par une autre activité superflue prends toujours la place 
d'une activité essentielle.

Dans les faits, la consommation totale augmente de plus en plus vite, la 
consommation du numérique augmente aussi de plus en plus tandis que la 
consommation des autres secteurs que le numérique pourraient compenser ne 
diminue pas. Ça semble indiquer que la consommation du numérique vient 
s'additionner à celle des autres secteurs au lieu de s'y substituer.


[0]: si vous ne la connaissez pas, un moteur de recherche et les mots clés 
rock, pebbles and sand ou professeur bocal, gros cailloux devrait vous sortir 
une dizaine de versions différentes

> 
> > comment doit on faire évoluer nos usages en conséquence ?
> 
> Installer un bloquer de publicités et NoScript, ça diminue déjà pas
> mal la facture (mais ce n'est jamais mentionné par les organismes
> officiels, c'est curieux).

Tu prèches un convaincu. 
Personnellement je suis passé à umatrix au lieu de noscript.

C'est une bonne remarque, malheureusement le bloqueur de publicité c'est un 
traitement symptomatique, comme on ne s'attaque pas à la cause on a peu de 
chance de solutionner le problème avec un bloqueur de pub.

Par contre la publicité est une parfaite illustration de l'usage numérique qui 
vient se rajouter aux autres usages: on a de plus en plus de publicité en 
ligne, mais aussi à la télé, dans les journaux, dans nos boites aux lettres, 
même les salles de spectacles et de sport ont été changé pour des publicités 
(le palais omnisports de Bercy devenu Accor Arena par exemple), etc.

 
> > Pour l'anecdote historique l'email du 18ème siècle utilisait une
> > infrastructure moins énergivore: le télégraphe optique
> 
> Vous n'êtes pas cohérent, ici. Si on choisit une approche holistique,
> on doit le faire jusqu'au bout, et intégrer le coût (habillement,
> logement, nourriture) de tous les signaleurs. Le télégraphe optique
> était très consommateur de main d'œuvre (et de bâtiments, qu'il
> fallait bien construire).

 Faire l'évaluation du réseau dans son contexte historique contemporain de la 
révolution industrielle qui a entrainé sa dispartion fait peu de sens puisque 
c'est avec la révolution qu'ont débuté réellement les activités humaines 
causant le changement climatique, et surtout si on voulait le repliquer 
aujourd'hui les coûts seraient différents d'à l'époque.

Si on voulait s'amuser à la faire malgré tout, il ne faudrait pas y inclure 
l'habillement, logement, nourriture des opérateurs à moins de penser qu'en 
l'absence de télégraphe optique ces individus auraient vécus nus, dehors et 
sans manger. Je pencherais plutôt pour dire que ces gens vivaient habillés, 
sous un toit et mangeaient tous les jours avant la créaton du télégraphe 
optique et après sa disparition, donc que l'habillement, logement, nourriture 
ne sont pas des coûts attribuable au télégraphe optique.
Si il faut bien sûr prendre en compte la construction et l'entretien du réseau 
de tours, malgré les presque 600 tours construites et déconstruites en France 
il est comparativement faible du fait d'usage de matériaux locaux 
renouvelables ou recyclables et d'un recours au travail manuel/animal. Pour ce 
qui est de la main d'oeuvre, je crois que le système fonctionnait avec deux 
opérateurs par tour et un certain nombres d'inspecteurs à certains endroits 
clés. Arrondissons à 3 personnes par tour, soit 1800 personnes pour la France.
Sachant qu'aux débuts du télégraphe optique le nombre d'esclaves énergétiques 
par personne était proche de zéro et à peine plus à sa fin, alors 
qu'aujourd'hui en France on a allègrement dépassé les 100 esclaves 
énergétiques par personne (de 150+ à 400 selon la méthode de calcul) mais 
arrondissons à 100 pour simplifier le calcul; les 1800 opérateurs du 
télégraphe optique de l'époque correspondent à 17.82 employés d'aujourd'hui.

D'une manière générale je pense qu'il n'est pas délirant de supposer d'une 
technologie de l'ére pré-indsutrielle qu'elle a un impact sur l'environnement 
insuffisant pour engendrer un dérèglement climatique simplement sur la base de 
cette notion d'esclave énergétique qui au final est une question de mode de 
vie.

Cordialement






---------------------------
Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/

Répondre à