Marc Chantreux a écrit : > on va encore rencontrer nombre d'experience démoralisantes mais je crois > vraiment qu'on se rapproche du moment ou l'exponentielle décolle. ça a > fait ca sur le marché du serveur aussi: alors que tout le monde nous > riait encore fin des années 90, l'adoption a été fulgurante (je trouve) > courant 2000.
Ça, franchement, je ne suis pas sûr que ce soit réellement une bonne chose. Je m'explique : 1/ j'ai fait partie des premiers en France à installer du Linux. Mon premier noyau en production fut, de mémoire, un 1.0.9, ce qui ne nous rajeunit pas. Enfin, ne me rajeunit pas ; 2/ j'ai participé au développement du noyau sparc jusqu'au 2.4 inclus, j'ai donc suivi les guéguerres intestines (en particulier l'histoire fumeuse du serveur http dans le noyau pour éclater IIS, un grand moment et celle non moins importante des la VM entre les 2.4.0 et 2.4.19 qui a changé trois fois avec plein d'effets de bord rigolos comme des crashes NMI sur les sparc) ; 3/ je suis aussi les guéguerres actuelles et, franchement, Linux en général et debian en particulier filent un très mauvais coton. La philosophie actuelle est très loin du KISS. On a vu arriver resolvconf (déjà une aberration impossible à configurer correctement simplement), network-manager (qui est capable de foutre un bronx pas possible sur un serveur), un truc comme systemd (qui fonctionne dans 98% des cas correctement, il faut juste ne pas être dans les 2% restants) qui sont capable de mettre par terre un serveur en tuant des threads noyau et qui est incapable de les relancer (j'ai un souvenir ému avec nfsd), des daemons qui sont tout donc rien proprement et qui gèrent tout, la numérotation des interfaces réseau en fonction du bus PCI et du nom du pilote (alors qu'il était possible d'affecter simplement les numéros des interfaces avec quelques règles), numérotation qui peut changer d'une version du noyau à la suivante si les bus ne s'énumèrent pas dans le même ordre (vécu, l'un de mes serveurs possèdes cinq cartes réseau Intel de même référence) je suis donc revenu à l'ancien système à grands coups de règles udev) ! Le problème, c'est que ce genre de "fonctionnalité" peuvent mettre un serveur par terre avec un firewall aux fraises. Il est vrai que l'immense majorité des utilisateurs n'a qu'une carte réseau à sa disposition donc n'est pas impacté. Un Linux (debian au hasard) il y a quelques années, c'était du solide, on pouvait l'oublier dans un coin. On redémarrait les machines à distance sans croiser les doigts. Aujourd'hui, c'est devenu impossible. On n'est jamais sûr lorsqu'il y a un systemd qui est mis à jour que la machine fonctionnera de la même façon après redémarrage (ou que, simplement, le réseau remontera normalement), d'autant qu'il est impossible de redémarrer un ancien noyau vu l'interdépendance de la grouille. Donc en dehors d'avoir un KVM sur IP, point de salut ! Dans la version testing de debian, on a eu récemment un noyau qui faisait gueuler les disques durs Toshiba. Exemple : After command completion occurred, registers were: ER ST SC SN CL CH DH -- -- -- -- -- -- -- 84 51 01 d7 69 70 04 Error: ICRC, ABRT at LBA = 0x047069d7 = 74475991 Commands leading to the command that caused the error were: CR FR SC SN CL CH DH DC Powered_Up_Time Command/Feature_Name -- -- -- -- -- -- -- -- ---------------- -------------------- 60 08 e0 d0 69 70 40 00 00:01:45.931 READ FPDMA QUEUED 60 08 d8 e0 69 70 40 00 00:01:45.931 READ FPDMA QUEUED 60 08 d0 20 6a 70 40 00 00:01:45.931 READ FPDMA QUEUED 60 08 c8 d0 6a 70 40 00 00:01:45.931 READ FPDMA QUEUED 60 08 c0 08 6b 70 40 00 00:01:45.931 READ FPDMA QUEUED Fausses alertes (tous les disques Toshiba de la machine remontaient les mêmes alertes au même moment !...). On a eu l'un des noyaux 4.19 qui crachait sur des erreurs mémoire fantaisistes, bref, tout ça n'est plus vraiment sec ni sérieux. Je ne parle même pas de la gestion calamiteuse des stations diskless, je deviendrai mauvaise langue. Sur les disques Seagate, les données smart sont de temps en temps aberrantes. Il faut le savoir, c'est tout. Linux en général et Debian en particulier se "windowise" de plus en plus en devenant Michu-compliant sur le poste de travail. C'est très bien. Mais il n'y a plus de version solide et éprouvée en face. Ça date des nouvelles règles de développement du noyau 2.6. Par version solide et éprouvée, j'entends un système qui a un fonctionnement parfaitement reproductible, même après un apt upgrade (je ne parle pas de changement de version majeure) et qui se configure normalement avec une palanquée de fichiers textes sur une console texte. Aujourd'hui, il me reste des postes de travail sous Linux (je ne veux pas me faire des noeuds au cerveau en virant les linuxismes des codes sources), il me reste un serveur de mail/alfresco qui a dû être installé en potatoe et qui subit régulièrement des dist-upgrade et des chagements de disques. Installé en i386 sur un Pentium 166 même pas MMX, il est aujourd'hui en amd64 sur un i7. Toutes les autres machines sont passées en xBSD. C'est nettement plus reposant lorsqu'on a autre chose à faire de ses journées que de l'administration à temps plein. Bien cordialement, JKB