=> Pour Kave,

Félicitations ! Vous en connaissais combien des comme vous  ?

La plupart des gens valables que j'ai rencontré en 35 ans de carrière n'étaient en aucun cas issu d'une formation classique. Au mieux avaient-ils une formation rapide issue du privé. Et surtout, ils avaient faim.

Quand je suis devenu à 37 ans, par luxe, ingé en électronique à l'École Nationale Supérieure d'*** (je cache le nom de l'école d'ingé par discrétion pour eux) par la filière DPE (je travaillais depuis toujours pour la défense nationale et le nucléaire militaire et civil), j'ai eu l'occasion de rencontrer des jeunes ingés en dernière année.

J'ai été sidéré par le peu de connaissances utiles maîtrisées et les langages et méthodes ingurgitées. Par contre, question algos appris par cœur, ils en avaient mangé des wagons.

Les seuls qui sont sortis du lot autour de moi étaient des polytechniciens : ces gars là, on pouvait leur dire qu'ils se vautraient, ou leur suggérer de reprendre le problème à l'envers : ils marchaient tout de suite. Des pragmatiques et des curieux.

Par contre, bien d'accord que demander à un poulpe à gros cerveau et multiples tentacules, le tout en même temps, de coder un script de 900 lignes tout en configurant douze CISCO et en écrivant quatorze mails et répondant à trois coups de fils, le tout pour le SMIC + 100 euros (bruts faut pas déconner), c'est du gros n'importe quoi.

Mais c'est de notre faute. J'ai connu un temps où l'informaticien était payé. Aujourd'hui, le moindre comptable ou avocat ou conseil juridique est à 250 de l'heure...

Par contre, on reste une profession non corporatiste, avec un coût de ticket d'entrée faible : c'est la personne qui fait la différence. Il n'est pas besoin, il n'a jamais été besoin de claquer 6 à 10000 €/an pendant 5 ans (tarifs habituels) pour devenir quelqu'un de réputé dans la profession. Par contre, ça se traduit par une capacité de travail -entre autres- au delà de l'habituel dans ce pays.

=> Pour Jéremy

Bref, le système est pourrit, c'est pas nouveau. Je pourrais bien passer
une VAE. Mais la flemme d'écrire 80 pages pour "prouver" ce que je sais
faire. Il suffit de visiter et/ou regarder mes projets pour s'en rendre
compte.

Une VAE est un luxe. Très prenant. Plus de soirées.

Un autre colistier dit :

La VAE vous amènera rien car vous n’avez vraisemblablement rien à apprendre. 
Vous savez déjà tout …
Par contre je vous invite à lire une thèse, car le bonhomme il n’avait pas la 
flemme, lui.

Facile à dire quand on rentre crevé d'une longue journée de taff et qu'en plus il faut se fondre dans "l'attendu" des gens du monde de l'éducation nationale.

C'est ainsi que, ayant débuté ma vie pro par de la grosse rédaction technique (des milliers de pages et planches pour des centraux téléphoniques temporels redondés militaires) et ayant toujorus eu de bonnes capacités rédactionnelles, j'ai éprouvé quelques peines à rédiger les 80 pages de mon mémoire (fortement réduit, j'avais gratté le double au départ) pour être conforme aux habitudes universitaires.

Mon manque de bagage mathématique a également été critiqué. J'avais pourtant conçu et réalisé un bidule qui dépassait de très loin leurs propres capacités de conception. J'avais eu le malheur d'utiliser un minimum de math (qui n'est qu'un outil indispensable mais pas plus) pour un maximum de simulation, de validation et et d'essais sur le terrain (je ne crois que la vraie vie du monde réel, surtout dans le domaine du mémoire - un système de communication numérique radio tactique). Au bout du compte je l'ai eu. Ca ne m'a jamais servi à rien. Mais je suis très content d'avoir été au bout.

Il n'y a eu qu'un ou deux en france cette année là dans ma spécialité et j'en étais. On t'offres pas un diplôme d'ingé DPE, faut le gagner et c'est des tonnes d'heures de nuit de bon sommeil en moins.

--
Be Seeing You
Number Six


---------------------------
Liste de diffusion du FRnOG
http://www.frnog.org/

Répondre à