Le 01/03/2013 14:43, Emmanuel Thierry a écrit :
> Plus précisément (je pense que c'était l'objet de la remarque),

Non, ce n'est pas l'objet. C'est plus une question de pragmatisme
technique et économique : la centralisation crée de la fragilité et
consomme de la BP pour des allers-retours inutiles. Tout l'inverse du
peering, dès lors qu'on reconnait l'intérêt de peerer en région.

> est-ce que ça ne risque pas de faire tomber à l'eau des projets
> futurs en offrant une solution de facilité ? Puisqu'il y a un IX
> disponible à Paris, pourquoi s'em....er à monter un IX local ?

C'est apparemment ce que les Nantais sont en train de se dire. Sur
d'autres zones, Bordeaux par exemple, ça a eu l'effet inverse.
L'invasion barbare est hyper mal perçue et redonne des arguments au
projet local, ce dernier étant parfaitement disposé à monter une offre
d'interco à Paris, Lyon et Toulouse pour tous ceux qui échangent déjà en
local.

En fait, on retombe dans les travers habituels des réseaux qui
commencent à chopper la grosse... bande passante : "A moins d'un Gbps
t'existe pas".

Le jour ou ceux-là auront pu passer outre leurs complexes, et percevront
les problématiques locales plutôt que de rester sur le piédestal
parisien, alors on aura fait un grand pas pour le maintient des
activités TIC en région et la consolidation (technique / robustesse) de
l'Internet français.

D'ici là, toute initiative qui tends vers la centralisation ou la
consolidation économique, ça revient pour les coupables à scier la
branche sur laquelle ils sont assis.

Et histoires qu'ils comprennent plus rapidement, je ré-explique :

La valeur du réseau est dans le service, pas dans les tuyaux. Sans
service, pas besoin de tuyaux. Un service de monétique ne prends pas des
masses de bande passante mais porte bien plus de valeur que les
whatmille gigots de l'annonceur ou du diffuseur de vidéos de chats en
HD. L'échelle de valeur ne se mesure donc pas en débit.

En région, la plus grande part de contenus circulant entre locaux sont
des contenus applicatifs et métier issus de l'externalisation
d'applications. Ces flux sont critiques pour leurs utilisateurs et
doivent être accessibles avec la plus grande disponibilité possible.

Les offres de transport entre utilisateurs et hébergeurs, qu'il s'agisse
de connectivité à Internet ou de réseau privé, peuvent être fournies
aussi bien par l'hébergeur (grâce au marché de la collecte et aux RIPs)
que par un opérateur plus ou moins distant. Sauf qu'un gros opérateur
basé sur la capitale, voir plus loin, sera mal interconnecté avec l'une
ou l'autre des extrémités de part le nombre d'intermédiaires plus
importants. Plus il y a d'intermédiaires, plus il y a de risques pour la
disponibilité du service.

Les GIX et NAP en région permettent de réduire le nombre
d'intermédiaires techniques (et pompeurs de valeur artificielle) et donc
d'améliorer la disponibilité en réduisant les coûts. Un GIX qui fait
20Mbps de flux métier à donc un rôle plus important que celui qui fait
150Gbps de porno, les deux étant naturellement complémentaires puisqu'on
ne fait pas que bosser dans la vie.

Seulement pour qu'un GIX ait une valeur ajouté sur des échanges locaux,
il doit être local. France-IX n'a (pour l'instant ?) de légitimité à
cette fin, sa vocation étant de faire du chiffre pour se faire une place
en Europe.

Pour tirer tous les avantages de la présence d'un GIX sur une zone
géographique donnée, il faut donc que les deux approches existent :
échange local et échange trans-régional. Le premier fait de la valeur,
le second fait du chiffre. N'avoir que du débit sans adresser le
problème spécifique de la robustesse des intercos, ça revient à passer à
coté de 80% de l'intérêt (Cogent transport très bien des gigots de
contenu à faible valeur pour à peine plus cher qu'un port de GIX et le
L2 pour aller le chercher, en étant plus capillaire que Neo pour le coup).

Donc, du GIX déporté en région sans échanges locaux n'a aucun sens. Il
faut commencer par monter un GIX local, qui ira naturellement
s'interconnecter. Les offres de transport comme celle de Neo n'ont donc
d'intérêt qu'à l'étranger ou pour les GIX existants, elles sont
contre-productives ou sous-productives dans le meilleur des cas si
l’aménagement de la zone est fait dans le désordre.

@+

-- 
Jérôme Nicolle
06 19 31 27 14


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